Les pièces |
Attention, chaque pays peut avoir des règles ou des critères quelque peu différents. Cependant ce qui est dit est valable à 90% pour tout le monde, les différences ne représentent que des points particuliers (ajouts, autres noms ou autres pièces).
Donc, si la fasce représente dans sa largeur 1/3 de la surface de l'écu,
celle-ci diminue légérement lorsqu'il y a deux ou trois fasces.
Si le nombre de fasces augmente encore, on tombera dans le fascé de x
pièces ou le burelé, la largeur s'adapte pour qu'il y ait harmonie entre
les fasces et les espaces de séparation. Ceci est également valable pour
les autres pièces le palé, le bandé, le barré et le chevronné.
Concernant le chef, que j'ai considéré dans le paragraphe précédent comme
une fasce collée en haut de l'écu, ;-) il peut voir sa surface fluctuer
normalement entre plus ou moins 10% du 1/3.
Il faut néanmoins noter que selon des auteurs d'armoriaux et de livres
dédiés à l'héraldique, le chef peut varier du quart de la surface à presque
la moitié. Cette dernière est par ailleur source d'erreurs car certains ont
pu retransmettre un coupé plutôt qu'un chef (chef très large arrivant
presque à la moitié).
La trangle est suivant les ouvrages de 1/3 à 1/2 la largeur d'une fasce.
Mais, elle ne s'utilise qu'en nombre impair.
La cotice et la traverse font 1/2 de largeur par rapport à la bande et
à la barre.
Les comble, devise, plaine représentent 1/3 de la largeur d'une fasce.
Le filet formant entre autres la jumelle, la tierce, la filière, etc.
fait 1/5 de la largeur de sa pièce de base (fasce, pal, barre, bande, etc.).
Je ne peux pas vous présenter toutes les pièces qui existent, mais à
partir de ces exemples, vous pourrez entrevoir les combinaisons possibles
des modifications de la taille, des traits ou des retraits qui peuvent
intervenir sur les autres pièces.
Voici maintenant quelques exemples des pièces les plus courantes :
Commençons par les pièces « horizontales », dont la première est une
des pièces dites honorables et celle-ci se nomme la fasce.
Les blasonnements correspondant sont « D'or, à la fasce de sinople »,
« D'or, à la fasce haussée de sinople »,
« D'or, à la fasce abaissée de sinople », « D'or, au chef de sinople »,
« D'or, à la campagne de sinople » (on peut dire campagne ou champagne).
La taille de la pièce diminue, et le nom change... Le caractère « honorable » des pièces modifiées est alors perdu.
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Sur ce dessin, on pourrait confondre les trois trangles avec les trois fasces, la différence est faible, elle est à la fois liée aux proportions et aux espaces de séparation. Les trangles sont normalement représentées en nombre impair et moins larges que des fasces du même nombre. (Des fois, la différence n'est pas décrite et on nommera « 3 fasces » plutôt que « 3 trangles »). |
Cependant, une telle représentation sera parfois blasonnée « à trois fasces »
dans certains ouvrages ; on ne peut pas considérer cela comme une faute, mais plutôt comme un manque de rigueur.
Toutefois, l'héraldique ayant évolué au cours des âges, il faudrait pouvoir déterminer la date d'apparition de ce mot dans le vocabulaire héraldique. |
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Ici, on a affaire à une trangle qui soutient un chef : « D'argent, au chef de gueules soutenu par une trangle de pourpre », mais on peut omettre le mot « trangle », ce qui donne : « D'argent, au chef de gueules soutenu de pourpre ». C'est un cas particulier qui ne prète pas à confusion. |
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Chacune de ces pièces est à sa place par défaut, cependant il n'est à mon avis pas exclu (bien que rare) que l'on puisse abaisser un comble ou réhausser une plaine. | ![]() |
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En haut à gauche, le blasonnement le plus correcte est « D'argent, à
quatre fasces de sinople ». La surface des pièces par rapport à
l'espacement entre celles-ci est révélateur.
Cependant, à partir de quatre de ces pièces (un peu plus réduites) comme sur l'image du bas (à gauche) ou d'une largeur de la pièce égale à l'espacement entre elles, on parlera de burelles (ou burèles). « D'argent, à quatre burelles de sinople ». |
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Voici : « D'argent, à cinq burelles de sinople » Il est important de faire la corrélation entre les burelles (pièces) et les rebattements... |
Vous avez noté que je n'ai pas parlé ni du fascé ni du burelé. Ne confondez pas burelles et burelé ! :)
Ce sont des rebattements des pièces de petites largeurs qui sont
expliqués dans la partie spécifique : les répartitions
et rebattements.
Voici maintenant la pièce la plus fine, le filet !
Le filet s'utilise dans les quatre directions, filet en fasce, en pal,
en barre et en bande. Son nom se modifie avec le nombre de filets accolés.
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On peut dire, une jumelle ou bien des jumelles. Idem pour la tierce, mais attention aux confusions !
Comment dessineriez vous « D'argent, à deux jumelles d'azur » ?
Comme le dessin ci-contre ou avec quatre (4) filets séparés deux à deux ? |
Suivant le principe énoncé plus haut, on retrouvera une partie de ces pièces avec l'attribut qui lui convient en fonction de son orientation. Toutes les largeurs précédemment évoquées existent pour toutes les autres pièces.
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« D'argent, aux tierces d'azur en pal ». On peut aussi trouver des jumelles ou des tierces, en bande et en barre. En combinaison on peut obtenir : « D'argent, aux tierces d'azur en croix ». |
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Le pal
« D'or au pal d'azur ». Imaginez tout ce qui peut en découler... ;-) |
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Vergettes
La variation de surface des petits pals peut conditionner un « D'or, à quatre pals d'azur » ou un « D'or, à quatre vergettes d'azur ». Dans le cas présent et en théorie, à partir de quatre, ces pièces se nomment vergettes. |
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Pal déporté
Tout comme on peut hausser ou abaisser une fasce, on déportera à dextre ou à senestre, un pal. Ici à dextre. |
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Adextré
Si la pièce est collée au bord de l'écu, on aura affaire à un adextré (ou à un dextré), de l'autre côté ce serait un senestré. |
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La bande « D'or, à la bande de sinople ». La surface peut varier dans les deux sens, toute proportion gardée avant de changer de nom. Elle peut représenter plus d'un tiers de la surface de l'écu. |
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La cotice « d'or, à la cotice de gueules ». C'est la bande en plus fin. |
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La barre « D'or, à la barre de sinople ». Sa surface peut aussi varier dans les deux sens, toute proportion gardée avant de changer de nom et peut représenter plus d'un tiers de la surface de l'écu. |
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La traverse « D'or, à la traverse de gueules ». Plus fine, il s'agira d'une traverse, mais on trouvera parfois une « cotice en barre ». |
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Le sautoir
Une combinaison classique des pièces obliques sont les sautoirs. « D'or, au sautoir de sinople » et « D'or, aux cotices (traverses) en sautoir de gueules », on peut effectivement trouver les deux termes dans ce cas précis. |
Autres possibilités pouvant s'appliquer aux pièces.
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Le contour des pièces peut prendre plusieurs types de dessins, un tracé particulier que je nomme trait. Ce trait de contour peut s'appliquer de n'importe quel côté de la pièce ou bien les deux (voire 4 pour les croix) à la fois. Il existe une grande variété de traits plus ou moins classiques. On a ici : « D'or, au pal engrelé d'azur ». |
Ces terminaisons
s'appliquent principalement aux pièces horizontales et verticales, mais
elles peuvent être employées avec les pièces obliques et avec d'autres
pièces particulières comme les croix (pal + fasce) et les roues.
Une pièce ainsi modifiée perd son caractère honorable.
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Le pal est dit fiché (pointe vers le bas) ; le pal est dit aiguisé (pointe vers le haut). L'extrémité possède un grand nombre de variantes, qui ne s'appliquent pas forcément au pal, comme « flambant, cometé, pommeté, potencé, fleurdelisé, bourdonné, patté, ... » |
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Le retrait
Il s'effectue sur un côté, l'autre côté devant toujours toucher le bord de l'écu (dessin 1). Lorsque la pièce ne touche plus les bords de l'écu, on dit alors qu'elle est alésée (dessin 2). Dans le cas présent la fasce est dite alésée en talus. Si les bords étaient restés droits, l'attribut alésée aurait suffi. |
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« D'or, au pal fiché, engrelé d'azur ».
« D'or, au pal fiché d'azur, alésé en chef ». « D'or, au pal fiché, crénelé d'azur, alésé en chef ». |
Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas oublié les autres pièces ; les chevrons, les croix et les orles...
Je les ai mises un peu à part au vu de leur forme un peu plus complexe.
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Lorsque son épaisseur se réduit, on le nomme « étai ».
À gauche, le chevron. À droite, l'étai. |
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« D'argent, à trois chevrons de gueules ». (Qui contredirait ? ;))
« D'argent, à trois chevrons de gueules ». (Mon opinion perso, à moi ! ;o) ) « D'argent, à trois étais de gueules ». |
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Le chevron existe aussi sans toucher le haut de l'écu, on le dit « retrait en chef » ; cependant on le trouve sans autre précision dans cet état. Cela mérite quelques recherches supplémentaires... On peut aussi trouver sans autre précision dans le blasonnement, le chevron en équerre. | ![]() |
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L'alésage supérieur d'un chevron se dit « écimé » (dessin de gauche) et lorsque c'est sa base qui est alésé (notez les angles) on le dit « chevron raccourci » (dessin de droite). | ![]() |
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L'étai ou le chevron peut être failli à dextre ou à senestre, il peut aussi être déjoint ou disjoint ou encore brisé. Toutes ces pièces peuvent être renversées, c'est à dire la pointe vers le bas. Si on croise des chevrons, ils seront alors entremélés. |
Qu'obtient-on avec les contours de l'écu ?
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La bordure et la filière
La bordure représente environ 1/7 de la largeur de l'écu et lorsqu'elle est réduite à la taille d'un filet, on la nomme filière... |
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Voici quelques exemples de combinaisons relativement courantes entre une bordure et une pairle. Comme le filet en pairle ou le gousset quand celui-ci est rempli dans sa partie supérieure. | ||
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1/ « D'argent, au filet d'azur en pairle, à la bordure de sinople ».
2/ « D'argent, au gousset de sable, à la bordure de sinople ». 3/ « D'argent, au filet d'azur en pairle, à la bordure de sinople, une fleur de lys d'or, brochant le pairle ». Par défaut on ne dit pas que la bordure est brochante, mais dans le cas de blasons plus complexes il serait souhaitable de le préciser pour savoir quelle pièce ou quel meuble est brochant et éviter les confusions. Toutefois l'ajouter à ces blasonnements n'est pas une erreur. |
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Ces exemples peuvent se combiner aux trois écus du dessus.
« D'argent, à la bordure de sinople, herminée de sable ». « D'hermine, à la filière de gueules ». « D'argent, à la bordure componée de gueules et d'argent ». |
Le componée est une représentation qui se retrouve très souvent sur les bordures. Son nombre de cases peut varier et on peut également le préciser dans le blasonnement si l'on souhaite conserver un componé fixe. On utilisera le mot « pièce » pour nommer les cases :« D'argent, à la bordure componée de gueules et d'argent, de (24) pièces ». |
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L'orle
Si on imagine une bordure intérieure, on obtient l'orle. Cette pièce est très souvent agrémentée : fleurdelisé, contre-fleurdelisé (trécheur) ... On trouve également relativement souvent des meubles posés en orle, c'est à dire disposés suivant ce tracé. Exemple : « ... à 10 grelots d'argent posés en orle ». |
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L'écusson ou le tout
Quoi de plus naturel que l'écusson ? Une réduction de l'écu. ;-) Sur le premier écu, on dira que l'écusson est « sur le tout ». Un second écusson placé par dessus (en coeur ou en abîme) sera identifié par « sur le tout du tout » ! |
Une caractéristique souvent rencontrée : lorsque la croix (comme d'autres pièces) ne touche pas les bords de l'écu, elle est dite alésée.
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La croix de base... | ![]() |
La même, mais alésée. | ![]() |
Ho, la jolie croix crénelée. ;-) |
Les croix pattées. | ![]() |
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La croix de Malte. | ![]() |
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Attention, il existe des variantes de chacune de ces croix !
C'est parfois précisé dans le nom, (exemple : « croix de Malte à pattes anglées alésées », mais ce n'est pas toujours le cas. |
RAPPEL : Vous pouvez obtenir le blasonnement en laissant quelques instants le pointeur de la souris sur l'écu. | |||
![]() Potencée |
![]() Péronnée |
![]() Recroisettée |
![]() Croisettes |
NOTE : les croix peuvent être chargées de meubles (billettées, losangées),
évidées, ou remplies [Voir le remplissage.]
Il existe encore beaucoup de terminaisons différentes, avec des têtes d'animaux, fantastiques ou non, d'autres types de courbures, etc. Exemples : guivrée, anillée, dardée, stellée, gringolée, flamboyante, ... |
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Comme vous pouvez le constater, la dernière croix est composée de fusées. D'autres meubles peuvent également être utilisés et donner de bons résultats, par exemple, la macle, le triangle, la queue d'hermine, la flamme, ... |